Friday, June 30, 2006

Over the Garden Gate

Look at you nouveau
vine of legumes
kept from growing by the dead
branches bending in;

I will break them off for you
more and more each day
to snap your sweetness

Valyntina Grenier.

from 'Les allures naturelles'

III
1.
quand rien n'entraîne rien
ne s'agite au-dehors l'inertie
se fait agitation entraînement en vue
de rien mais d'un rien qui se fait
obstacle et le moindre contact
inverse le sens de la marche (ignorant
qu'on l'observe à travers deux fenêtres, un inconnu
s'habille, se déshabille, s'assied, se lève, décroche, repose
le combiné) : d'abord l'incohérence
de particules en suspension
puis la période. Un geste quotidien
filmé en vidéo
un geste rejoué, son aire
parcourue en tous sens comme un pas
de breakdance dont l'endroit n'est plus
que l'envers de l'envers, est déjà
autre chose : une forme
cristalline impassible.

Pierre Alferi. Les allures naturelles. Paris: P.O.L, 1991, p.23.

Thursday, June 29, 2006

from 'The Fatalist'

in the realm of sensations. Speed has tint, it tilts, it is admittedly
indistinguishable from the sky but do sensations stop in sleep
and merely remember? Is memory a halt? Is the dream
not an orifice belonging to sleep? The sun that lights the obvious
oblivion cannot stop it. That's what fate is : whatever's happened
- time regained.

Lyn Hejinian. The Fatalist. Richmond: Omnidawn, 2003, p.83.

Monday, June 19, 2006

Page disparu de L'arrêt de Mort

Ces pages peuvent ici trouver leur terme, et ce que je viens d'écrire, nulle suite ne m'y fera rien ajouter ni rien ôter. Cela demeure, cela demeurera jusqu'au bout. Qui voudrait l'effacer de moi-même, en échange de cette fin que je cherche vainement, deviendrait à son tour le début de ma propre histoire, et il serait ma proie. Dans l'obscurité il me verrait; ma parole serait son silence, et il croirait reigner sur le monde, mais cette souveraineté serait encore la mienne, son néant le mien et lui aussi saurait qu'il n'y a pas de fin à partir d'un homme qui veut finir seul.

Que cela soit donc rappelé à qui lirait ces pages en les croyant traversées par la pensée du malheur. Et plus encore, qu'il essaie d'imaginer la main qui les écrit: s'il la voyait, peut-être lire lui deviendrait-il une tâche sérieuse.

Maurice Blanchot.

Sunday, June 18, 2006

Littérature et Vie

Ecrire est une affaire de devenir, toujours inachevé, toujours en train de se faire, et qui déborde toute matière vivable ou vécue. C'est un processus, c'est-à-dire un passage de Vie qui traverse le vivable et le vécu. L'écriture est inséparable du devenir: en écrivant, on devient-femme, on devient-animal ou végétal, on devient-molécule jusqu'à devenir-imperceptible.

Gilles Deleuze. Critique et Clinique. Paris: Minuit, 1993, p.11.
 
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